C’est la deuxième édition du Vendée Globe où SEA.AI sera utilisé sur les IMOCA.
L’un des principaux problèmes de la navigation en solitaire est de pouvoir maintenir une veille constante sur les navires, les autres yachts et la multitude d’autres éléments dans l’eau qui peuvent représenter une menace potentielle de collision. Jusqu’à récemment, les IMOCA étaient équipés de deux aides électroniques principales :
– le radar qui peut « voir » des cibles à moyenne ou longue distance, mais les cibles doivent avoir une signature radar significative (c’est-à-dire être grandes et/ou métalliques), la technologie est sensible à des conditions telles que la pluie et l’état de la mer, ainsi qu’à la qualité de l’installation du radar à bord. Les cibles ne sont pas identifiées.
– L’AIS (système d’identification automatique) est un transpondeur électronique équipant les navires, les bateaux de pêche et de nombreux yachts, qui diffuse la position et l’identification d’un navire. Si les grands navires sont obligés d’être équipés d’un AIS, ce n’est pas le cas des plus petits, et il est toujours possible que l’AIS ait été accidentellement désactivé ou qu’il soit défectueux, même sur les plus grands navires.
Les écrans radar et AIS superposés à une carte électronique, montrant à leur tour la terre, les dangers sous-marins, les bouées, les balises et autres marques de navigation, représentent un outil puissant, mais ils sont loin d’être infaillibles. S’il permet de repérer de nombreuses menaces potentielles, il reste de nombreux cas où il ne le fait pas.
SEA.AI vise à combler cette lacune dans l’arsenal anti-collision d’un IMOCA en exploitant les toutes dernières technologies en matière d’intelligence artificielle et de vision artificielle. Il se compose d’un ensemble de caméras légères, montées en tête de mât, qui comprennent des caméras thermiques et des caméras à lumière du jour, ce qui lui permet de fonctionner de jour comme de nuit.
Les images de ces flux vidéo sont ensuite comparées, pixel par pixel, à la base de données de SEA.AI, qui ne cesse de s’enrichir et d’apprendre des « objets » que ses utilisateurs ont rencontrés depuis l’introduction du système en 2018. Cette base de données comprend tout, des troncs d’arbre et des conteneurs semi-immergés à toutes sortes d’autres objets flottants divers, plus des bouées, des petits navires tels que les bateaux de pêche locaux, des icebergs, etc. Elle comprend aujourd’hui plus de 10 millions d' »objets » sous différents angles, conditions de lumière et états de mer (y compris le jeu de données acquis par les utilisateurs de SEA.AI lors du dernier Vendée Globe). SEA.AI fournit ensuite des informations au skipper sur le risque de collision et sur la nécessité ou non de prendre des mesures d’évitement. Sur les yachts à équipage complet, la caméra thermique de SEA.AI est inestimable dans les incidents d’homme à la mer, en particulier la nuit.
Outre ses fonctions de sécurité, SEA.AI offre également aux skippers une surveillance nettement améliorée. Il n’est plus nécessaire de faire monter un membre de l’équipage dans le « nid de pie ». Grâce à ses caméras situées en tête de mât, SEA.AI augmente la portée de la vision du skipper depuis le bateau jusqu’à la ligne d’horizon, de jour comme de nuit.
Pour le Vendée Globe 2024-25, 25 IMOCA sont équipés de SEA.AI.
La technologie a déjà fait ses preuves :
"Lors du Retour à la Base en décembre 2023, je me trouvais de nuit au milieu de l'Atlantique. Le bateau allait vite, et tout à coup, une alarme s'est mise à sonner. J'étais dans ma couchette quand elle a commencé, d'abord doucement, mais elle est vite devenue plus forte et plus urgente. J'ai donc sauté et, le temps de regarder l'écran et de comprendre ce qui se passait, je me suis retrouvé face à un cargo qui se trouvait directement sur ma route. J'ai juste eu le temps de l'éviter et de le contourner. Il n'avait ni feux ni AIS. Sans SEA.AI, je l'aurais certainement percuté et cela aurait été un désastre. Aujourd'hui, je ne peux pas imaginer naviguer sur un IMOCA sans le système SEA.AI. C'est vraiment exceptionnel en termes de sécurité. Il apporte une tranquillité d'esprit bien supérieure à celle d'avant où nous étions toujours stressés par une éventuelle collision. Maintenant, nous avons un œil qui veille sur nous, qui est infatigable et qui nous alerte quand le danger est proche. Honnêtement, c'est un dispositif de sécurité indispensable à bord d'un IMOCA aujourd'hui".
Yoann Richomme, Team Paprec Arkéa
"Au large des côtes bretonnes, des bouées météorologiques avaient été déployées mais n'étaient pas encore marquées sur la carte. Une alarme nous a incités à sauter rapidement sur le pont, à changer de cap et à passer devant l'énorme bouée en acier qui aurait sinon gravement endommagé notre bateau. Je vous recommande SEA.AI. Il fonctionne. Il est simple. Il est innovant et moderne. Il peut également être utilisé sur un petit iPad ou sur un ordinateur de bord. C'est vraiment une technologie moderne pour tout le monde qui peut améliorer la sécurité de manière significative.
Boris Herrmann, Team Malizia
"Lors de la dernière Transat en Double, alors que François Gabart et Tom Laperche à bord du trimaran SVR Lazartigue se trouvaient au large des côtes brésiliennes, plusieurs petits bateaux de pêche ont été évités grâce à la caméra SEA.AI. Ces bateaux n'étaient pas visibles sur le radar et n'avaient pas d'AIS. Le seul moyen de les repérer était la caméra qui nous a alerté du risque de collision. Aujourd'hui, SEA.AI est une solution absolument indispensable sur les bateaux, au même titre que l'AIS et le radar. C'est quelque chose qui s'active dès que le bateau quitte le quai et qui ne s'éteint qu'au retour du bateau".
Jean-Marie Clément, Electronics specialist, Mer Concept, MACIF